Les familles monoparentales sont en constante augmentation et représentent désormais une proportion galopante de la société.
Pourtant, le sujet ne fait franchement pas le buzz dans l'actualité.
Le sujet des parents solos, c'est un peu comme "chercher une aiguille dans une botte de foin" dans le programme des candidats à la présidentielle.
Il y a bien quelques mesurettes annoncées pour "soulager" leur quotidien.
La plupart des propositions concentrent le débat sur les allocations familiales et la fiscalité. Ici et là il est question du congé paternité et de la garde d'enfants.
Rien de bien transcendant comparé à l'ampleur du phénomène et du problème.
Ne parlons même pas des pensions alimentaires :
Le calcul depuis des décennies est hermétique aux coûts réels de la vie et à l'inflation.
En réalité, il n'est jamais question d'un programme traitant du sujet de façon globale et complète.
Voici 4 raisons qui font prendre l'eau :
1. Des dépenses folles pour les essentiels
Être parent solo, avec la garde principale d'un ou plusieurs enfants, c'est être seul(e) à la barre et tout mener de front :
l'éducation des enfants, le travail et toutes les tâches du quotidien.
Il n'a échappé à personne que les crises successives font fait exploser le budget des ménages.
Le poste des dépenses de santé avait déjà amorcé une hausse sans précédent depuis des années. La crise sanitaire n'a fait que plomber davantage la situation.
Comme si ce n'était pas suffisant, le budget alimentaire subit une hausse sans précédent depuis la crise en Ukraine.
Face à ce défi, nombre de parents solos sont obligés de jongler avec plusieurs métiers pour s'en sortir.
Le parent solo sait déjà qu'il paiera sa chambre d'hôtel au tarif couple, et un supplément pour chaque enfant.
Sauf peut-être dans un gîte d'étape de haute montagne perdu, déniché au prix de longues nuits de recherches sur internet.
Bien sûr, les enfants s'en rappelleront et vous en parleront toute votre vie :
Vous savez, ces vacances tant attendues qui tournent au pugilat avec la randonnée quotidienne.
4 heures aller-retour et les caprices de la météo pour rejoindre le premier signe de vie dans la vallée. C'est long, très long.
Malheureusement, le remboursement de quelques séances de psychothérapie n'ont que peu d'effet sur l'agonie du porte-monnaie et le moral des parents solos !
2. Des prises de risques inconsidérées
On connaissait déjà le phénomène des étudiantes qui financent leurs études par le biais de la prostitution.
Comme en témoigne l'article d'Alessandra d'Angelo, certaines mamans aussi, une fois les enfants couchés, s'orientent vers le cyber-sexe et la prostitution.
Ces expériences du désespoir ont plus de succès dans les médias que la défaillance de politique sociale qu'elles révèlent.
La colocation parentale, elle aussi, à de beaux jours devant elle.
Après la collocation des séniors, un nouveau phénomène de mode concernerait la colocation des parents.
Si le concept peut séduire avec quelques arguments accrocheurs "sur le papier", il interroge.
Un parent solo n'est pas d'emblée candidat à la collocation. A moins d'être un fervent convaincu, une situation de précarité peut l'y pousser.
Mais partager son intimité et celle de ses enfants relève rarement du choix délibéré ou du conte dé fées.
Et ce n'est pas sans risques.
Pourtant, les sites de mise en relation de parents en recherche de collocation fleurissent sur la toile. Ben voyons, la misère sociale est un bon filon, n'est ce pas ?
Mais jusqu'où ira t-on dans l'exploitation de cette fragilité sociale ?
3. Les compétences dingues sous-estimées du parent solo
En effet, être parent solo, c'est prendre un aller simple pour le développement de compétences du super héro.
Des compétences dignes du meilleur des couteaux Suisse.
Le parent solo est une perle rare, car il fait tout :
L'éducation des enfants
Le travail
La planification "sur le fil" de tous les emplois du temps
La recherche des solutions de garde
La course aux bons plans pour faire baisser la facture
La gestion de toutes les tâches administratives
Les tâches ménagères du foyer
Il est aussi un as de la négociation, une encyclopédie intuitive de la pédagogie super-active.
Avec une résistance psychologique quotidienne à toute épreuve (des premières crises du NON, aux rafales d'opposition à l'adolescence), même malade, le parent solo gère. Car il n'a pas le choix.
Les entreprises qui bichonnent leurs parents solos salariés sont aussi rares que la neige en plein mois d'août en Provence.
Pire, être parent solo est souvent perçu comme un caillou dans la chaussure pour bon nombre d'employeurs.
Au même titre qu'une potentielle grossesse fait instantanément perdre la cote d'une candidate taillée sur-mesure pour un poste, le parent solo suscite une certaine méfiance.
Le temps partiel, les enfants malades, les retards éventuels sont autant de perspectives susceptibles de faire tiquer un employeur, lui-même parent...(mais peut être pas solo, ou avec de vagues souvenirs de la situation).
Pourtant, un parent solo bichonné, est un professionnel surdoué d'une intelligence des situations à toute épreuve.
En effet, la force de travail, l'autonomie, l'organisation , le sens des responsabilités, la capacité de négociation, ou encore la résistance au stress font de ces parents des co-équipiers de choix dans une équipe.
D'ailleurs, l'accord d'un temps partiel conduit souvent le salarié à assumer efficacement, (et en moins de temps) la même charge de travail qu'un salarié à temps plein, ce dernier étant accessoirement meilleur comédien à propos d'un emploi du temps toujours full.
Le télétravail aussi est pourtant un choix "gagnant-gagnant" pour le salarié parent comme pour l'employeur.
Car en bref, le risque de désinvestissement ou de burn-out est réel lorsque le parent solo n'est pas à minima compris dans ses nombreuses contraintes organisationnelles.
4. Une charge mentale abyssale
Les parents solos n'ont qu'à bien se tenir.
Pourquoi se plaindraient -ils ? après tout, c'est leur choix, non ?
Certains n'hésitent pas à signaler qu'ils leur appartient de mettre fin à ce statut.
Rien de plus simple, il suffirait de sauter sur le premier ou la première venue.
Sauf qu'un parent solo qui décide de le rester est une question de choix souvent mature et éclairé.
Les épreuves déjà traversées et celles enchaînées quotidiennement recentrent drastiquement les priorités.
Les blessures affectives ne permettent pas toujours d'envisager une nouvelle relation.
Maîtriser le budget, éduquer les enfants au mieux et assurer au travail occupent l'espace mental et l'emploi du temps de façon tentaculaire.
Il reste alors trop peu de place pour un zeste de légèreté.
Les espaces de liberté sont rares et pourtant, ils permettent de consolider l'équilibre personnel.
Le temps devient alors le meilleur compagnon de vie pour quelques mois.
Parfois, il faut beaucoup plus de temps pour se reconstruire, condition préalable au terreau d'une future relation saine. Sauf qu'en attendant des jours meilleurs, le parent solo est toujours seul maitre à bord.
Avec pour obsession d'éviter un vilain remake familial du Titanic.
5. Alors, quelles solutions pour éviter de couler ?
Avant de craquer, et à défaut de programme politique global sur le sujet, il est crucial de s'imposer quelques actions simples.
Le changement naît de la somme de petites actions.
Les petits pas construisent de grands ponts vers le changement.
Une stratégie plus solide que de naviguer en eaux troubles dans toutes les directions.
L'une des premières actions essentielles est de s'accorder des temps de pause, un moment rien qu'à soi pour souffler.
Savoir quitter le costume du capitaine, parfois doublé de l'armure du guerrier pour prendre soin de soi est indispensable.
Pour retrouver l'équilibre, l'éventail des possibilités est vaste :
méditation
sophrologie
yoga
coaching
thérapie
sport
ballades en pleine nature
massages
soutien extérieur grâce l'entraide amicale ou familiale.
Cela ne se fait pas en un jour, et il ne suffit pas de le vouloir.
Ainsi, bloquer un créneau d'une heure ou deux, de façon systématique chaque semaine permet d'ouvrir une porte sur l'écoute de ses propres besoins. C'est un peu comme une hygiène de vie, une routine à intégrer au même titre que le RDV médical obligatoire chez l'orthodontiste pour le petit dernier.
Au départ, il semble difficile d'imaginer que faire de ce créneau vide dans l'emploi du temps.
C'est là qu'il est important de se poser les questions essentielles, les grandes oubliées du quotidien d'un parent solo :
"De quoi ai-je besoin ?"
"Comment ai-je envie de prendre soin de moi ?"
A chacun ensuite d'utiliser ce créneau au mieux pour prendre le recul nécessaire, seul(e) ou à l'aide d'un thérapeute.
Apprendre à dire NON
Une autre action efficace, est de pratiquer le "NON" haut et fort.
En effet, l'une des difficulté du parent solo est de devoir tout assumer, tout le temps, en toutes circonstances.
Il peut alors être difficile de ré-apprendre à dire non. ( Pourtant, vous l'avez déjà pratiqué devant l'assiette d'épinards ou de quenelles il y a quelques années !)
Être capable de (re)poser des limites claires est une façon efficace de redéfinir son propre espace vital.
Un dossier supplémentaire refilé en douce sur un emploi du temps déjà surchargé au travail ? Il est parfois tout à fait essentiel et salvateur de dire et savoir dire NON.
Il est même considéré comme tout à fait professionnel de savoir dire stop.
Une bonne façon de signifier que vous n'avez pas l'intention de bâcler le travail.
Pensez-y : le regard des autres ne fait pas la qualité de votre travail.
Si dire NON pour un dossier supplémentaire garanti un travail plus qualitatif, c'est VOUS qui détenez le jugement adapté.
Votre enfant chéri fait un caprice de plus au supermarché ?
Là aussi, la tentation peut être grande de laisser faire pour avoir la paix et éviter le regard des autres.
Sauf que la meilleure façon de signifier à votre enfant que cela ne se reproduira plus, est d'affirmer avec fermeté que la prochaine virée au supermarché se déroulera dans le calme.
Savoir dire NON, c'est poser des limites, en étant convaincu(e) de mériter le respect.
Ces actions concrètes sont un premier pas vers plus de sérénité.
C'est un peu la première pierre à l'édifice de la reconquête de soi quand le navire commence à prendre l'eau.
Autant réagir avant qu'il ne soit trop tard, car les enfants ont besoin de la force tranquille de leur parent solo adoré.
Prendre de la hauteur
Savoir prendre du recul sur les évènements n'est pas donné à tout le monde.
Il arrive aussi de ressentir une véritable difficulté à relativiser.
C'est alors que les idées noires ont tendance à installer et la confiance en prend un sacré coup.
On se projette dans un futur miné, seul(e) pour la vie, en proie aux difficultés dans tous les domaines, avec la ferme impression qu'on y arrivera jamais.
Le moindre grain de sable prend des allures d'iceberg et menace tout l'édifice.
Avant de lâcher a barre et boire une tasse de trop, le soutien d'un thérapeute est une précieuse option.
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